120 J 216 Hubert de Murival, Le Grain de Sénevé, roman de Germain Viatte (Dossier)

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Ref. code:120 J 216
Ref. code AP:120 J 216
Title:Hubert de Murival, Le Grain de Sénevé, roman de Germain Viatte
Level:Dossier

Zone du contexte

Histoire administrative:Le texte se présente sous trois formes: un manuscrit très corrigé, un tapuscrit corrigé et un tapuscrit considéré comme définitif.
Le roman est présenté par Germain Viatte pour participer au concours lancé par La Bonne Presse (journal La Croix, 1903-1905).

Résumé de l’œuvre.
Jean Clarin est l’aîné d’une grande famille paysanne de la ferme «La Molletière», au hameau des Métairies, commune de La Deute. Cette dernière pourrait être Le Bémont ou sinon située dans les environs; les Métairies seraient Les Rouges-Terres. Alors que Jean Clarin s’interroge sur une éventuelle vocation religieuse, la mort subite de son père le décide à s’engager comme laïc dans l’action religieuse et politique. En effet, le maire et son parti combattent par tous les moyens la pratique et la foi religieuses. Le Kulturkampf donne à Jean Clarin l’occasion d’organiser une lutte rigoureuse contre ses adversaires. Le maire n’hésite pas à tenter d’assassiner Jean Clarin, et il va jusqu’à brûler la ferme des beaux-parents du héros, qui trouvent la mort. La jeune épouse de Jean Clarin sombre dans la folie. Tous ces événements n’empêchent pas Jean Clarin de l’emporter contre son adversaire lors de l’élection à la mairie locale, et par la suite, d’être désigné comme député au Grand Conseil.
Le roman s’achève pourtant en apothéose, peu après le drame, le jour du Congrès catholique à La Deute, où éclate la victoire de Jean Clarin sous les yeux de l’ancien maire qui meurt en invectivant son ennemi.

Critique du roman
Si le roman est intéressant de par son cadre historique ainsi que par la présentation d’une certaine mentalité, il est cependant peu crédible. Le manichéisme est tel que le lecteur est gêné par les transitions abruptes entre les pages écrites «à l’eau de rose» et les descriptions terribles de violences et de brigandages. Le récit fait assez peu de cas des morts violentes, des vies qui basculent. De longues observation de maladies ou de soins trahissent la profession l’auteur.
On pourrait cependant ressortir quelques morceaux d’anthologie, tels une méditation sur la main à la page 298 ou évocations de paysages. Pourtant l’ensemble fait penser à un roman de Pierre L’Ermite, ce qui le place très en dessous des Henri Bordeaux, René Bazin, pour le comparer à l’œuvre de quelques auteurs catholiques contemporains de Germain Viatte.
Intérêt de l’œuvre
Le roman reflète la société jurassienne par les descriptions d’us et coutumes, de cérémonies, de moments de la vie, d’habillements, de repas. De même, le lecteur s’instruit sur l’époque et l’atmosphère du Kulturkampf. Le texte révèle aussi l’organisation d’un mouvement de lutte, avec ses stratégies. La méthode de travail ainsi que la persévérance du héros nous renseignent précisément sur la façon de s’engager dans les mouvements politiques, religieux et sociaux dans l’optique de la famille Viatte. Nous y retrouvons à la fois l’intelligence pratique et l’idéal de la visée d’un Louis, d’un Germain, d’un Auguste Viatte…
Un sociologue du XXIe siècle décèlerait dans ce texte de 1904 un antisémitisme latent ainsi qu’un mépris social de la femme. Il remarquerait aussi que les drames et la mort n’ont pas la même importance qu’aujourd’hui, malgré la profondeur des cérémonies et des coutumes qui y sont liées. Un théologien ne pourrait s’empêcher de percevoir que nos ancêtres étaient plus interpellés par la foi que par la charité.

La «morale» du roman
Les initiateurs du concours exigeaient des auteurs que l’œuvre apporte une leçon. Dans Le Grain de Sénevé, le lecteur ne peut qu’être interloqué par le mépris total du héros face à notre conception actuelle du bonheur. Sa foi virile est sans détours ni accommodements. Imaginez Jean Clarin, dont l’engagement politique cause morts et souffrances dans sa propre famille, répondant simplement «la lutte continue» au curé qui lui affirme qu’ici bas: «Ce n’est pas le bonheur qui est important, mais le succès».

Roger Monnat

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Content:Hubert de Murival, Le Grain de Sénevé, roman de Germain Viatte.
 

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